04/05/2015

CRITIQUE : LES OPTIMISTES (Optimistene - Gunhild Westhagen Magnor - 2014)

Pourquoi je vais au cinéma ?


Et encore mieux, qu’est-ce qui me pousse à aller voir un film plutôt qu’un autre ? Parfois c’est de la curiosité, de l’ennui, de la fan-attitude… Et parfois, c’est juste parce qu’un bande annonce captée au dernier festival de cinéma de Valenciennes, vous donne furieusement envie de voir des grands-mères jouer au Volley Ball ! Non, non, et sérieusement, ce n’est pas de la curiosité gérontophile mal placée. Regardez la bande annonce pour vous en convaincre :



Car ce documentaire, réalisé par la Norvégienne Gunhild Westhagen Magnor, retrace le parcours en quelques mois de ces mamies âgées de 66 ans à 98 ans, dans leur entrainement à leur hobby favori : le Volley Ball. Oui,  le Volley Ball ! Même une joueuse norvégienne professionnelle plusieurs fois récompensée en sera agréablement surprise. Car ces mamies se préparent pour une confrontation avec une équipe suédoise… de papis ! Voilà pour le pitch du documentaire. Étonnant non ?

Moi, ça m’a donné envie, et j’espère que ça donnera envie à un tas de monde aussi. Car, ne tournons pas autours du pot, ce documentaire est magnifique. Il respire la joie de vivre, il vous fait vous sentir bien et en vie. Ces mamies vous donnent une de ces patates ! Goro, à 98 ans, qui se bat contre un cancer et contre la morosité ambiante, nous le dit : on va bien s’amuser. L’âge est d’ailleurs un sobriquet, par exemple, le numéro inscrit sur les maillots de ces joueuses atypiques représente en fait leur âge, comme pour mieux s’en moquer.

Le cinéma de la réalisatrice est simple, sans être simpliste, mais, disons-le tout net, son cadrage ne révolutionnera pas le monde du cinéma documentaire. C’est classique, propre et net. Cependant, même si la réalisatrice se permet quelques envolées et cadrages intéressants, les scènes de Volley, et notamment le match final, sont parfois difficiles à comprendre. En même temps, comment filmer un match de Volley de papis et de mamies ? Est-ce vraiment le Volley Ball le plus intéressant ?

La réponse est évidemment non. Ce qui nous intéresse ici se sont ces 15 mamies prêtes à en découdre. Et ici, pas question de sombrer dans un pathos sénescent et choquant. « Les optimistes », c’est le nom de leur équipe, et elles le sont. Les corps sont parfois captés, les jambes et les bras vieillissants sont parfois exposés, mais il ne s’agit pas ici d’une exhibition de la décrépitude de ce corps. Dans l’a priori collectif de nos sociétés modernes, nous constatons bien souvent que la vieillesse fait parfois très peur. Le simple fait de toucher ou de donner la main à une personne âgée nous fait peur, comme si cela était contagieux, sale et répugnant.


Ce documentaire se bat non seulement contre cette idée reçue mais en plus il montre la vieillesse, non pas comme une maladie, mais comme le début de la vie. Regardez attentivement ce plan final, où l’hiver fait place au soleil. Car en Norvège il fait froid, et le froid, c’est la vieillesse dans notre représentation poétique.

Ce film fait du bien, ce film est un médicament.

Nous sommes avec elles, nous voulons qu’elles gagnent le match, nous voulons vieillir comme elles. Et, ce n’est pas de l’empathie gentillette molle du genou. C’est de la vie à l’état brute que nous prenons en pleine poire !

Voilà pourquoi je vais au cinéma ou au théâtre aussi, pour recevoir cette énergie, sublimée ou pas.

Les détracteurs diront que le film est trop gentil, un peu lisse, qu’il y a des poncifs du genre « bon ce sont des vieilles qui s’éclatent, pffff c’est dépassé, on connait » ou encore « beuh c’est plein de bons sentiments », que c'est pas assez hard-core... et bien je pense que c’est exactement ce que ne fait pas le film. Avec un sujet comme celui-ci, le risque était de sombrer corps et âme dans les abysses plus qu’obscures du bon sentiment et de son cliché, et de ne pas s’en dépêtrer. 

Mais Gunhild maîtrise assez bien son film pour clouer le bec nauséabond de ces jeunes aigris, en nous montrant de la délicatesse, de l’humour, et par-dessus tout, une très belle histoire. En un mot, je vous conseille humblement ce film qui, je l’espère, saura vous donner envie de vieillir. M'en vais faire une partie de Volley moi...


Jean-Baptiste

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