09/03/2014

CRITIQUE 2/2 : DALLAS BUYERS CLUB (Jean-Marc Vallée - 2014)

     DALLAS...

Ton univers impitoyable


    Ici point de pétrole, ni querelle familiale. Juste du lobby pharmaceutique...




       Dès le début du film, le réalisateur Jean-Marc Vallée pose l'ambiance et le milieu où se déroule l'histoire. On est en 1985 à Dallas, Texas, l'un des états les plus conservateurs du pays. Ron Woodrof (Matthew McConaughey), électricien moustachu, traîne ses vieilles guenilles dans les arènes d'un rodéo, haut milieu masculin et homophobe. L'anecdote sur Rock Hudson l'illustre parfaitement.

       Suite à un accident, Ron apprend qu'il est atteint du virus du Sida. Maladie qui à l'époque vient tout juste d'être reconnue, fait des ravages et se soigne très mal. Les patients deviennent souvent objets d'expérimentations pour l'industrie pharmaceutique. 
        Rejeté par les siens du fait de sa maladie et face à l'inefficacité du médicament anti-rétroactif  AZT, le seul autorisé par la FDA ("Food and Drugs Administration"), Ron se lance alors dans la contrebande de produit pharmaceutique. Avec l'aide d'autres malades, notamment son associé Rayon (Jared Leto), jeune séropositif transgenre, ils fondent le "Dallas Buyers Club", qui fournit alors sur le sol américain des médicaments illégaux. La FDA se mettra en travers de leur chemin afin de stopper cette activité...

La grande force du film est de ne jamais tomber dans un pathos des plus larmoyants. Malgré son sujet difficile, Jean-Marc Vallée évite la facilité et ne nous souligne pas à quel moment il faut pleurer ou rire. De plus, les personnages ne sont absolument pas stéréotypés, l'une des grandes tendances actuelles du cinéma indépendant américain (comme par exemple le surestimé Fruitvale Station).


Seul bémol à reprocher au réalisateur, c'est cette tendance à rester en retrait qui empêche de donner une meilleure envergure aux acteurs et à l'intrigue. On retrouve selon moi cette problématique dans tout biopic, où systématiquement l'interprétation prime sur l'image et la mise en scène. Très peu de réalisateurs réussissent a donner un sens (et même un style particulier) dans ce registre tout en correspondant avec le reste de leur filmographie. Bizarrement, seul Oliver Stone me vient à l'esprit.

Concernant le casting, il est irréprochable. Matthew McConaughey est impérial dans le rôle de Ron, cet être abject en tout point qui va finalement devenir le héros de toute une communauté. Sa prestation est d'une justesse incroyable et je ne parle pas seulement du physique, mais également de la psychologie. Depuis quelques années, cet ex-beau gosse d'Hollywood pour comédie romantique de bas étage (c'est à dire, tout film avec Kate Hudson) montre enfin une palette d'acteur complet, doté d'une présence physique incomparable à l'heure actuelle. C'est bien simple, depuis Killer Joe (Le film de l'année 2012), McConaughey est dans un autre monde, enchaînant des rôles incroyablement complexes et maîtrisés. Jared Leto est de son côté insolent de réussite dans un rôle une fois de plus compliqué, tout en lui donnant profondeur et légèreté. Cette relation entre Ron et Rayon est symptomatique du film, oscillant entre humour et drame. La symbiose est parfaite. On a l'impression de voir un véritable couple à l’écran. De nombreuses séquences vont en ce sens tel le passage au supermarché ou encore lorsque Ron apprend que Rayon se drogue toujours. Eux qui rejetés par les autres se retrouvent a fonder une nouvelle famille. Quant à Jennifer Garner, tout en sobriété, elle donne vie à un personnage qui sert avant tout de faire-valoir au héros.

Un film fort, porté par un duo dantesque. Un film également porté par son histoire, même si on connaît bien évidemment la fin.


DALLAS BUYERS CLUB - Etats-Unis - Jean-Marc Vallée - 2014 - avec Matthew McConaughey, Jared Leto, Jennifer Garner

Roland aka Francis Hustler

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